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La bonbonnière



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- Pourquoi pleures-tu?

- Je ne pleure pas...

- Bien sûr que si!!!

- C'est une poussière dans l'œil.

- D'accord. Mais pourquoi tu tiens ce pot vide si fort sur ton cœur?

- C'est pas un pot vide, c'est ma chère et tendre bonbonnière et je l'ai depuis toujours. Aujourd'hui pourtant, c'est vrai, elle est vide.

- Oh...  dit-il intrigué.

Et après quelques secondes de silence, sa curiosité ne l'a pas empêché de poursuivre. - Tu as perdu tes bonbons ou alors on te les a volés ?

- C'est difficile à expliquer, dit-elle. Mais pourquoi me poses-tu autant de questions? Toi aussi tu aurais voulu un de mes bonbons?

- Oh non, je ne suis ni un voleur ni un profiteur, et même si tu m'avais tendu ta bonbonnière, sûrement que je ne me serais pas servi seul.

- Bien sûr... Je suis désolée,  je me suis laissée emporter. Je m'appelle Bonnemage. Et toi, comment t'appelles -tu?

-Bonangito. 

- Eh bien Bonangito, en vrai, j'ai moi-même tout distribué. J'ai cru que ma bonbonnière se remplirait toute seule... tout le temps... comme avant... À vrai dires, je ne me suis jamais posé autant de questions sur ma bonbonnière. J'ai toujours cru en elle et j'ai cru que d'autres bonbons viendraient d'ici et là, la remplir quand je la voyais parfois se vider. Alors c'est vrai, il y a eu des tas d'autres bonbons, mais ils étaient soient trop gros et ne rentraient pas,  soit trop minuscules et paraissaient insidieux. D'autres encore étaient si biscornus qu'ils ne trouvaient pas leur place, ou trop longs, ou pas assez.... certains étaient si amers que je n'aurais pu les avaler.

- Mais... coupe-t-il , comment alors as-tu fait jusqu'ici ?

- J'ai mis en route ma bonbonnerie en fabrication rapide d'abord, puis plus intens et ensuite en continu. Ma seule obsession était de faire. Mon seul but qu'elle se remplisse vite. J'ai perdu petit à petit le goût et la vrai saveur. Sans même m'en apercevoir je perdais la direction de ma bonbonnerie et je me suis éloigné...

Je ne voyais plus le besoin de fabriquer les délicieux bonbons dont moi seule avais le secret, et qui étaient à ma saveur mais de fabriquer pour produire, créer des bonbons pour faire... faire pour faire, sans sens ni même,  je dois l'avouer,  sans savoir où j'allais et ce que je faisais... Et j'en ai alors oublié le secret.

Tu sais, ce supplément d'Âme que chaque bonbon contient et qui me permettait de les offrir avec bon-cœur. Je ne me sentais jamais volée ou dépossédée... ma bonbonnière était toujours débordante de bonbons qui sentaient bon. La bonbonnière se parait chaque jour de mille et une couleurs. Au gré de mes envies et mes besoins et même de mes états d'âme. Parfois, mes bonbons étaient plus acidulés et d'autres fois, coulaient de gourmandise. Et un jour...

- Quoi??? Que s'est-il passé??? Tu vois bien, tu pleures, des larmes coulent toutes seules et glissent sur tes joues. Tu vois bien qu'il ne s'agit pas que de poussières. Après quoi, avec beaucoup d'amour pour cette dame, le petit Bonangito lui tendit son petit mouchoir blanc aux contours nacrés. Son bras restait là, figé, tendu en direction de Bonnemage. - Eh bien...tout s'est éteint.  -Comment ça, tout s'est éteint? Après quelques minutes qui paraissait une éternité pour Bonangito, suspendu aux lèvres de Bonnemage, elle prit le délicat mouchoir et essuya les larmes qui s'étaient comme accrochées à ses joues.

- Tout... comme ça, pour rien, tout s'est éteint. Le sucre et les couleurs des bonbons étaient là mais.... les outils et les machines n'avaient comme plus d'élan,  plus de vitalité, comme s'ils ne savaient plus comment ... on fabrique mes bonbons. Les lumières se sont à leur tour éteintes et les mélangeurs de saveurs ont suivi... il n'avaient plus de direction, tous paraissaient sans envie... Comme si on leur avait ôté leur boussole, plus rien ne tournait rond, on leur avait pris leurs rouages, leurs engrenages.

Alors plus rien ne sortait de la bonbonnerie mais j'ai continué à distribuer mes derniers bonbons. Je voyais qu'elle ne se remplissaient plus, je voyais que les dernières créations étaient comme moins savoureuses et plus ternes mais je me disais qu'ils avaient la saveur qu'ils devaient avoir sans me rendre compte qu'il leur manquait à tous, ce supplément d'Âme. Je ne l'ai compris qu'après. En restant généreuse envers les autres, j'avais espoir que, par magie, la bonbonnerie repartirait... mais, j'ai dû arrêter de me mentir: la bonbonnerie ne distribuait plus de bonbons. Alors mon pot est resté vide... J'ai cherché tellement de solutions, consulté les plus grands bon ouvriers, les maîtres bon capello pour comprendre leurs maux. J'ai ordonné à la bonbonnière de se remplir et même menacé de la jeter au feu. J'ai, je crois tout fait, oui... j'ai tout fait.

- Oh dit-il,  tu étouffais? Mais tu étouffes encore là ?

- Mais NON, dit-elle sur un ton exaspéré... je n'étouffais pas et encore moins aujourd'hui, je m'... Et brusquement elle s'arrêta. Et elle pleura de plus belle. Ses larmes étaient de plus en plus grosses. Il s'échappait de ses yeux des torrents de larmes. Les paupières baissées, elle peinait à respirer et suffoquait beaucoup. Les larmes devenaient presque lumineuses. Elles eblouissaient les petits yeux tout rond de Bonangito qui devait plisser ses paupières, comme pour y voir plus clair.

Elles se paraient de rouge, d'orange, de jaune et le flot continuait à se déverser sous les yeux émerveillés de Bonangito. Et les couleurs changeaient... s'invita le vert, criant de vérité, puis le bleu clair de la mer et le bleu roi du ciel puis le violet. Bonnemage cessa de suffoquer après un très long moment mais les larmes de lumière devenaient de plus en plus intenses et se déversaient alors dans la bonbonnière... toujours sous les yeux stupéfaits de Bonangito. Il rompit alors le silence. 

- Je vois bien que tu te sens coupable? Et peut-être que tu te sens en colère contre toi mais avais-tu conscience des conséquences de tes choix? Je trouve ça triste pour toi que tu es perdu le secret de tes bonbons mais encore plus triste que tu puisses te punir ainsi...

Bonnemage s'apaise alors peu à peu et répond:

- Je m'en veux d'avoir laissé aller le sens et la direction et d'avoir créer ce tourmant pour ma bonbonnerie. Aveuglée par cette soif de faire, de faire pour faire, je n'ai pas mesuré mes responsabilités et oui, je me sens coupable. En libérant ses états d'Être et en partageant avec une vulnérabilité touchante ses émotions, sans s'en rendre compte, la bonbonnière commençait à se remplir doucement. Au fur et à mesure qu'elle exprimait à Bonangito ses états d'Âme, ses prises de conscience; l'instant present restant l'enseignant,  les petits bonbons devenaient de plus en plus lumineux... Consciente alors que quelque chose se passait... que ses bras tenant toujours aussi fermement sa bonbonnière sur son cœur, devenaient de plus en plus lourds, elle détourna son regard, posé jusqu'ici sur Bonangito, sur sa bonbonnière. Les larmes avaient cessé,  le souffle était redevenu calme et léger. Elle n'en crut pas ses yeux et son cœur.... -OHHH, dit-elle enfin. OHHH,  regarde Bonangito, regarde ma bonbonnière! De nouveau la bonbonnière se remplit de mille et une couleurs, des bonbons de toutes les formes et de toutes les saveurs... Viens avec moi, lance-t-elle à Bonangito,  en courant en direction de la bonbonnerie. À bout de souffle, tenant tous deux leur bonbonnière sur leur cœur, ils couraient comme chaussés des bottes de sept lieues. Ils dévalaient les monts et enjambaient les rivières, jusqu'à ce qu'ils puissent atteindre la Sainte Victoire sur laquelle se dressait majestueusement la bonbonnerie de Bonnemage.

- Qu'elle est belle! dit, émerveillé, Bonangito. La bonbonnerie était silencieuse, lumineuse, tout s'articulait dans une harmonie sacré. La fabrique laissait alors se devoiler une douce melodie de création de bonbons. Ils restèrent là,  alignés, immobiles et silencieux regardant la magie de ce supplément d'Âme agir... Bonangito chuchota à Bonnemage :

- Peut-être que tu peux goûter aux miens? Je ne sais pas s'ils sont aussi bons que les tiens, mais les miens tu sais, j'apprends à les fabriquer avec mon cœur et j'en distribue seulement quand ma bonbonnière déborde. C'est ce que les bonmages m'ont appris. Je ne comprenais pas jusqu'ici pourquoi ils insistaient autant pour que je ne me sente pas vide.  Bien sûr, ça a créé quelques problèmes...  J'aime tellement les offrir. Et grace a toi aujourd'hui J'accepte d'offrir mes bonbons aux bonbonnières qui me plaisent. Et alors je ne serai jamais avide et j'ai  vraiment envie de t'offrir un de mes mille et un bonbons.

Bonnemage prit alors le temps de choisir le bonbon qu'elle amena à sa bouche. Elle ne put s'empêcher de frissonner et de fermer les yeux en savourant le bonbon.

 Alors Bonangito lui prit la main. Des larmes coulèrent sur les joues de Bonnemage. Mais il s'agissait cette fois de larmes de joie. Elle rouvrit les yeux et se tourna vers Bonangito.

 -Merci ... tu as sauvé ma bonbonnerie.

- Oh non, dit Bonangito, je voulais simplement t'offrir un de mes bonbons.


Peggy


 
 
 

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